La rumeur...

Source: Pascal Froissart, 2006. « La rumeur ». Journée inter@cadémique
FADBEN. Créteil, Paris, Versailles « Internet : d'une utilisation
spontanée à une pratique raisonnée ».
11 octobre.

La rumeur comme une herbe folle, tout va plus vite, on reçoit de plus en plus de courriels, de spams... venant de tous les pays du monde en particulier la Russie, le Nigéria... Internet favorise les rumeurs (sur les actions en bourse, pour des bonnes actions, pour des pétitions, pour des mises en garde contre des vrais-faux virus informatiques...). La rumeur se retrouve aussi sur des sites alternatifs, les blogs, les sites personnels... Pascal Froissart donne l'exemple de listes de francs-maçons au Canada qui circulent sans que l'information soit vérifiée.

Mais Internet ne favorise pas la rumeur car l'information est omniprésente, les outils de recherche sont efficaces et permettent parfois de contrôler les sources d'informations. De plus, nous avons de très bons sites contre les rumeurs (comme www.hoaxbuster.com) qui permettent de traquer les rumeurs et la désinformation (pour la version anglophone vous pouvez aller sur hoaxbusters.ciac.org ou www.vmyths.com il existe de nombreux sites dans le monde contre les rumeurs www.hoaxkiller.fr). En effet, le réseau Internet étant très structuré. Pascal Froissart remarque qu'il ne suffit pas de faire courir une rumeur sur un site personnel, elle ne sera pas reprise par les médias et n'aura donc que très peu d'influence. Pour lui Internet est extrêmement organisé et note que les 10 sites les plus consultés au monde appartiennent à des entreprises dont la plupart sont cotées en bourse. Parmi ces entreprises, on trouve : Yahoo!, MSN, Google, MySpace, YouTube... Ces grandes entreprises n'ont pas intérêt à faire circuler les rumeurs. Pour Pascal Froissart, Internet laisse très peu de place à la rumeur. Il renvoit dos à dos les " pro et les anti " rumeur et considère qu'il faut prendre en compte d'autres éléments. Exemple à l'appui, il montre comment une rumeur peut se propager. Le premier exemple concerne la vidéo d'un jeune adolescent qui s'est pris pour un acteur du film Star Wars. Vous pourrez retrouver cette séquence sur Internet en tapant dans votre moteur préféré les mots suivants : Star Wars Kid, quelques sites qui diffusent cette vidéo : www.koreus.com, www.jedimaster.net ... La circulation de ce genre de vidéo est facilitée par l'échange de fichiers ou P2P. Il suffit que les médias traditionnels s'emparent de ce sujet pour que nous assistions à un emballement médiatique. Pour Pascal Froissart les caractéristiques de la rumeur sont : des objets de plus en plus anonymes diffusés en masse par le réseau Internet. La création est prolifique mais soumise aux contraintes de la technique (film court, trucages simples,...) avec de nombreuses références cinématographiques. La propagation de ce genre de rumeur relève aussi de mouvement communautaire et est souvent réservée aux seuls initiés.

Le deuxième exemple pris par Pascal Froissart concerne le fameux "coup de boule" de notre ex-numéro 10 national Zinédine Zidane. Les nombreuses vidéos qui circulent sur Internet sont tirées de la retransmission de la finale de la coupe du monde de football 2006. Vous pouvez rechercher cette vidéo sur Google à l'adresse suivante : video.google.fr. Pascal froissart remarque que les caractéristiques de la rumeur sont : l'anonymat relatif, peu d'invention, un niveau technique faible et tous les genres sont abordés (humour, dénonciation, parodie...). La rumeur sur Internet n'est pas un objet spécifique, la popularité ne tient pas au niveau technique qui est plutôt faible. Deux facteurs clés de la diffusion de la rumeur sont : la couverture par les médias traditionnels de masse (télévision, presse écrite...) et des pratiques traditionnelles de parodie, de dénonciation de l'objet narratif. Pour Pascal Froisssart, il faut se méfier du techno-déterminisme et apprécier des situations complexes. Internet permet une plus grande diffusion mais aussi un plus grand contrôle. Il faut se souvenir que la rumeur est un concept "caméléon" qui met en avant des pseudo-événements.

L'idée de "rumeur sur Internet" fait saliver spécialistes et néophytes. On voit s'insinuer cette hydre de la parole dans tous les réseaux, courrier électronique, sites Web et tchat. De nombreux exemples sont régulièrement mis au jour par les observateurs, souvent "à charge", et on parle de l'Internet comme du nouveau terreau de la rumeur. Devant un tel constat, il faut se garder des généralités. En tout premier lieu, il convient de rappeler qu'on ne sait guère définir la rumeur : sous un tel vocable se cache un ensemble de signifiants proches de la désinformation, la propagande, la manipulation, le mensonge, l'allégation... voire de la blague, la légende contemporaine, ou la recette de cuisine.

Ensuite l'extrême technicité des réseaux ne suffit pas à cacher la profonde inscription sociale des pratiques. Ainsi la fréquentation des sites Web misant sur les rumeurs ne recueille-t-elle qu'une infime audience comparée aux sites d'information institutionnels. Ainsi également les courriels alarmistes ne circulent-ils que triés par les différents relais qui reconfigurent leur liste de diffusion au gré de la thématique des messages envoyés. Ainsi enfin les messages ainsi relayés sont-ils souvent structurés par une tradition narrative prévisible, qu'il est difficile de qualifier mais qu'on peut catégoriser.

Pour conclure, il faudra s'interroger sur le mouvement paradoxal que suit la rumeur sur Internet : à la fois un moyen de diffusion de premier plan, et à la fois un moyen de contrôle grâce aux moteurs de recherches et aux sites spécialisés sur la rumeur.

Sites cités pendant la conférence : Acrimed et Rezo.net comme des sites alternatifs

Compte-rendu de conférence par FADBEN .

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