La
rumeur du chien
Une approche communicationnelle
Annexe 1 --
Fac similé du tract pornographique
Annexe 1 -- Fac similé du tract pornographique
Des photocopies pornographiques circulent de main en main, vendues le long des routes du centre ville, pour un prix variant entre 100 et 2 000 FG, selon les endroits et les moments. Un auditeur en décrit le contenu de mémoire : « On y voyait une femme à quatre pattes, nue, dans une position lascive. Et par-dessus elle, un chien la couvrait, les pattes de chaque côté de son dos. Il y avait un commentaire, la femme criait en soussou : "oui, ça me fait mal". » (journaliste, 36 ans). Ces photocopies de photocopies, au format standard A4, reprennent un dessin au trait, signé « D. Jean François Production », sur lequel on peut lire en en-tête : « LE FAIT DIVERS. LE CHIEN SE XXX (illisible) ». Elles représentent, de manière caricaturale mais avec une intention réaliste, une scène de zoophilie entre une femme africaine (reconnaissable à ses tresses) et un chien de taille humaine. À droite, mangé par le bord de la feuille, se tient un homme habillé à l'occidentale : on distingue une veste avec des boutons et une poche sur la poitrine, un pantalon bouffant, et des chaussures grossières ressemblant à des pantoufles. Il est affublé de lunettes rondes et est coiffé avec une mèche de cheveux à droite. Pour terminer le portrait stéréotypé, il tient un appareil photographique devant lui, et à ses pieds gisent trois billets de 5 000 (en Guinée, les plus grosses "coupures" sont précisément des billets de 5 000 FG). Quatre phylactères nous indiquent ce que disent et pensent les personnages (dont nous reproduisons ici l'orthographe). D'une part, l'homme dit : « Va s'y Boby enfonce ta queue. » et la femme : « He he hé... ! A gnê dögni ankhönöma. » (« Il faut me faire crédit. », en langue soussoue). Cette dernière phrase est assez énigmatique. D'autre part, l'homme pense : « Quel chef d'oeuvre ! Cela me rapportera des millions à Paris... pourquoi aussi pas dans tout l'occident » et le chien : « Mais a gnöxhöun » (« Mais "c'est bon" » en langue soussoue). Enfin, dans la partie gauche de la feuille se trouve une petite indication, dans un éclaté, précisant : « Prix 500 FG ». Il est difficile de dater le moment précis de la diffusion du tract, mais il a été postérieur à l'éclatement de la rumeur sur la place publique. Il est l'oeuvre d'un lycéen qui n'a eu connaissance de la rumeur qu'après l'annonce dans les médias. Le rôle de ce tract a néanmoins été crucial dans la diffusion de la rumeur, puisque de nombreux auditeurs ont attesté la véracité de la rumeur sur la foi des dessins qu'ils prenaient pour des photocopies de photographies.
Annexe 2 -- Analyse thématique de la rumeur du chien
Annexe 3 -- Liste des auditeurs interrogés
Annexe 4 -- Caractéristiques sociologiques de l'échantillon
Annexe 5 -- Carte de l'Afrique, et de la Guinée
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